Faites connaissance avec le violoncelliste Cameron Crozman.
Ce n’était qu’une question de temps avant que les projecteurs se braquent sur le violoncelliste Cameron Crozman, Révélation Radio-Canada en musique classique. Le jeune musicien est né à Calgary et a grandi à London en Ontario avant de se diriger vers le Conservatoire de Paris pour y faire ses études postsecondaires.
Cameron Crozman n’a que 24 ans, mais il a entamé l’année 2019 en lançant coup sur coup deux albums : l’un en janvier consacré au répertoire français – dont il est éperdument amoureux – et l’autre en mars sur lequel il interprète les suites pour violoncelle de Britten. Il s’est exercé pendant trois ans sur le violoncelle Stradivarius Bonjour (1696) avec l’archet Shaw (1830), prêtés par la Banque d’instruments de musique du Canada. Désormais armé d’un violoncelle espagnol de Johannes Guillami (1769), Crozman continue de se démarquer par son exécution fluide, précise et nuancée qui frise la perfection.
Voilà pour le résumé biographique. Faites plus ample connaissance avec la Révélation Radio-Canada en musique classique 2019-2020 en consultant le questionnaire ci-dessous.
Quelle œuvre musicale t’a donné le goût de faire carrière en musique?
Possiblement le Concerto pour violoncelle, de Dvorak. Pendant un moment, je l’écoutais tous les soirs pour m’endormir, donc c’est sûr qu’il a eu au moins un peu d’influence.
Quel est ton souvenir le plus lointain en lien avec la musique?
Probablement ma mère flûtiste, qui travaillait ses gammes!
Si tu devais choisir une autre carrière, que ferais-tu et pourquoi?
J’avais prévu étudier en mathématiques et en physique si je n’étais pas entré au Conservatoire de Paris pour étudier la musique. Plus récemment, j’ai pensé que ce serait très intéressant de passer du temps comme sommelier (l’influence de mes années en France peut-être!).
Quelle chanson ou œuvre aurais-tu souhaité écrire et pourquoi?
La nuit transfigurée, de Schoenberg. C’est une œuvre d’une complexité et d’une force narrative étonnante. En plus, Schoenberg l’a écrite en seulement trois semaines, lorsqu’il avait 25 ans, donc à peu près mon âge!
Quelle chanson ou œuvre ne te lasseras-tu jamais d’entendre et pourquoi?
Honnêtement, je trouve qu’il y a tellement de musique incroyable qu’on ne peut pas se limiter à une seule œuvre. Pour l’instant, c’est la fin du premier acte de La bohème, de Puccini. Pour moi, c’est parmi les plus beaux moments de l’histoire de la musique.
Quelle musique serait-on surpris d’apprendre que tu écoutes?
Il y a un moment où j’avais un grand intérêt pour le raga indien. C’est une musique impressionnante qu’on n’entend pas très souvent dans le monde occidental.
Quel a été votre premier contrat rémunéré en tant qu’artiste?
J’ai été engagé pour jouer une musique de fond lors d’une exposition d’art moderne d’artistes locaux. Je me souviens surtout de l’endroit où avait lieu l’événement, une vieille banque au centre-ville, avec des tableaux partout, même dans les coffres-forts du sous-sol.
Qu’est-ce que ton patelin et ses gens t’ont apporté (sur le plan musical ou personnel)?
Avant tout, ils m’ont soutenu et encouragé à réaliser mes ambitions. Je dois également beaucoup à la communauté francophone de ma ville, car sans elle, je ne pense pas que j’aurais eu les moyens de poursuivre mes études à Paris.
Si ta musique était un mets, qu’est-ce qu’on mangerait?
Des tapas, puisque dans un concert, chaque pièce est son propre plat distinct et c’est l’ensemble qui fait le repas.
Quelle est ta plus grande fierté (sur le plan musical ou autre)?
En ce moment, c’est mon premier album. Je l’ai porté de l’idée initiale jusqu’à la réalisation, et j’ai tout fait pour être certain que chaque détail de l’album était exactement comme je le voulais. L’album a mis presque un an et demi à voir le jour, mais je sais que ça a valu la peine.
Si tu devais choisir une personne avec qui passer une année sur une île déserte, qui serait-ce et pourquoi?
Passer un an isolé avec quelqu’un risque d’être difficile. Je ne sais pas si j’ai encore réussi à trouver cette personne! Entre-temps, disons Jean-Sébastien Bach, juste pour voir comment il faisait pour produire une telle quantité de musique. (Il faudrait amener un clavecin ou un orgue sur l’île aussi, du coup!)
Quelle destination rêves-tu le plus de visiter?
Les Îles-de-la-Madeleine! J’ai pu y jouer en concert une fois, mais j’ai trop envie d’y retourner!
Quel conseil donnerais-tu à l’enfant que tu étais?
Qu’il faut avoir confiance en qui l’on est; le trajet de la vie est mystérieux et t’amènera dans des directions imprévues, mais le plus important, c’est de rester honnête envers soi-même.
Que crois-tu qu’on aurait de la difficulté à croire à ton sujet?
Je n’écoute pas très souvent de la musique en dehors de mon travail. Je ne vais que parfois aux concerts, puisque souvent, je suis en train de répéter ou d’en donner un, et je n’écoute pas beaucoup de musique enregistrée. Quoique, maintenant que j’ai de plus en plus d’amis qui sortent des albums, je commence à en écouter plus. Je trouve que ça devient une sorte de petit rendez-vous musical, ce qui est sympa lorsqu’on ne se voit pas très souvent.
Comment te décrirait ton ou ta meilleur.e ami.e?
Je me souviens qu’on m’avait décrit une fois comme quelqu’un sur lequel on pouvait compter, qui pouvait toujours réussir à accomplir ce qu’on lui demande de faire. J’espère que c’est toujours le cas!
Si tu avais carte blanche dans le contexte de ton mandat en tant que Révélation, avec qui voudrais-tu partager la scène ou faire un projet?
C’est peut-être un cliché pour un violoncelliste, mais j’aimerais trop pouvoir faire quelque chose avec Yo-Yo Ma. Non seulement c’est un musicien exceptionnel, mais je trouve que les réalisations et collaborations qu’il entreprend pour rassembler les personnes et les cultures sont inspirantes.